Spectacle de Brebotte en clair-obscur

Le clair-obscur, ou le jeu des contrastes appuyés

À l’origine, le clair-obscur est une technique utilisée en peinture, révélée par des grands noms comme Le Caravage ou Rembrandt. Concrètement, elle consiste à créer des effets de contrastes très prononcés, en juxtaposant zones claires et sombres sans nuances intermédiaires. La partie du tableau que le peintre souhaitait mettre en valeur était ainsi travaillée avec des couleurs vives. Le reste de la toile restait quant à lui très sombre. De cette façon, le regard du spectateur était automatiquement attiré sur un détail bien précis, désigné par l’artiste.

Chemin faisant, les photographes se sont également accaparé la technique, décelant en elle une puissante intensité dramatique et émotionnelle. Un jeu de contrastes forts est, soit dit en passant, également une caractéristique récurrente des photos en noir et blanc. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les clichés de Kevin Scanlon, réputé pour ses portraits de célébrités. Il en a notamment réalisé un en clair-obscur, particulièrement profond et animal, du réalisateur et acteur Clint Eastwood. L’attention s’y porte à la fois sur le regard et les traits du visage, marqué par le passage du temps.

Photographier un spectacle vivant

Petit village du Territoire de Belfort en Franche-Comté, Brebotte abrite depuis 1990 le Musée de l’Artisanat et des Traditions Rurales. Il a été créé par l’association Vivre Ensemble, qui déploie également beaucoup d’énergie à l’élaboration d’un son et lumière annuel. Inspiré de fragments du passé, ce spectacle a pour but de plonger les spectateurs dans l’histoire locale d’antan. C’est lors de la 27^e édition, intitulée « La fée et le sorcier de Milandre« , que j’ai réalisé ces photos selon la technique du clair-obscur.

Alors évidemment en photographie, l’exercice se révèle un peu plus ardu selon le contexte de la prise de vue. Dans un spectacle vivant comme celui de Brebotte, j’ai dû composer avec des paramètres sur lesquels je n’avais aucun contrôle. Les sujets étaient en mouvement quasi-constant et l’éclairage variable d’une scène à l’autre. Il fallait donc être très réactive et toujours à l’affût du bon timing ! Finalement, la lumière m’a permis de figer des attitudes, mettre en volume les personnages et donner une illusion de relief. Deux photos, de par la posture des protagonistes, m’offrent même le luxe d’un clin d’œil aux Glaneuses de Millet…