Dans un monde où tout va toujours plus vite, où l’impatience est reine, c’est si bon de prendre son temps ! Et ce jour-là, je l’ai pris… La journée était radieuse, j’ai donc décidé d’aller prendre un bol d’air frais dans le Haut-Doubs, à Pierrefontaine-les-Varans plus exactement. La nature y est luxuriante et la photographier est apaisant. Là-bas se trouve aussi la cascade du Val, que je connais pourtant déjà, et qui sera mon sujet du jour. Sans jamais croiser âme qui vive, avec le bruit cristallin de l’eau qui tombe pour seul compagnon, je l’ai observée. À mon arrivée, la cascade était à l’ombre, mais je me suis aperçue qu’elle n’y resterait pas. Alors j’ai patienté, encore un peu, pour pouvoir réaliser ce si joli effet filé d’eau que j’espérais tant…
Après plusieurs heures de quiétude absolue, les rayons du soleil arrivent peu à peu sur la cascade. Doucement, ils illuminent les roches, jouent avec la transparence des flots et révèlent toute la beauté de cet endroit. Dans ce décor automnal, le volume d’eau est parfait, les couleurs chatoyantes à souhait. Ça paraît futile de prime abord, mais la saison a toute son importance dans les photos de paysages.
Ça y est, le moment est enfin venu. Pour réussir mes filés d’eau, je règle mon appareil photo sur une pose longue. Ce faisant, je laisse entrer davantage de lumière. Comme je suis en plein jour, ensoleillé qui plus est, je ferme le diaphragme. Parallèlement, j’utilise aussi un léger filtre gris neutre. Je réduis ainsi la quantité de lumière qui passe par l’objectif, sans pour autant altérer les couleurs. J’opte ensuite pour une vitesse d’obturation lente pour retranscrire les mouvements de l’eau. J’y suis presque, mais il manque encore un point primordial. Pour obtenir cet aspect cotonneux de l’eau et plonger mes photos dans un univers subtilement poétique, je dois rester immobile. J’utilise donc un trépied, qui accessoirement me servira aussi de sonde… Pour ne pas plonger mes belles bottes en caoutchouc dans une zone trop profonde pour elles ! C’est moins poétique certes, mais c’est pratique…
La pose longue permet d’exposer sa photo à la lumière pendant une durée de quelques secondes à plusieurs minutes. De fait, si cette technique est indispensable pour obtenir un filé d’eau, elle est tout aussi idéale en d’autres circonstances. Elle permet par exemple de dessiner un mouvement lumineux, notamment dans la photographie urbaine ou le light painting. Dans un registre plus artistique, elle permet d’accentuer un contraste entre un sujet fixe et un mobile. Enfin, elle permet de photographier dans un contexte peu lumineux. C’est ce que j’ai fait avec mes photos prises de nuit au Louvre.